![]() | ![]() | ![]() | ![]() | ![]() |
---|
Bande Annonce
Critiques

Adapté d’une pièce et d’un scénario de Samuel D. Hunter, The Whale recueille ce corps ruiné par la machinerie hollywoodienne pour lui offrir un come-back taillé sur mesure. Fraser est Charlie, un professeur de littérature qui, il y a longtemps, a dû quitter femme et enfant pour vivre son homosexualité. Désormais veuf, l’homme vit reclus chez lui et noie son deuil dans la nourriture et les copies de ses étudiants, à qui il tente d’inculquer l’honnêteté en littérature.
La baleine (whale) du film, c’est à la fois lui, mais aussi Moby Dick, un roman qui le hante. Alors qu’il se sait condamné par son obésité morbide, Charlie souhaite renouer avec sa fille adolescente qu’il a laissée derrière lui. Elle lui rendra visite, de même que toute une galerie de personnages qui viendront à son chevet pour offrir à l’homme une ultime rédemption.
Rituel sadomasochiste
The Whale s’ouvre sur un trou noir : dispensant un cours de littérature par Zoom, l’homme n’active jamais sa webcam, au risque d’être raillé par ses étudiants captivés par son cours. On finit par découvrir un Fraser méconnaissable, lesté de nombreuses prothèses qui en font un homme de 260 kilos on ne peut plus crédible. Le comédien traverse ici une épreuve diamétralement opposée à celles qu’a connues son corps d’action man : il se traîne douloureusement d’une pièce à l’autre, transpire abondamment, lève ses yeux humides et implorants sur sa fille venue régler ses comptes.
Lire aussi : "The Wrestler" : la passion d'un catcheur décavé, la rédemption de Mickey Rourke
The Whale orchestre un véritable rituel sadomasochiste auquel nous aura habitués Darren Aronofsky, abonné aux chemins de croix pontifiants et aux métaphores lourdaudes. Le cinéaste, qui avait déjà organisé le retour de Mickey Rourke dans The Wrestler (2009), ne déroge pas à sa vision faussement implacable de l’humanité : tout court à sa perte, toute fiction vise à son propre pourrissement.
Ainsi métamorphosé, le corps de Fraser ressemble à son cinéma. Qu’il choisisse un acteur aussi fragilisé que lui ajoute à l’obscénité du dispositif. Et pourtant, dans ce piège suffocant, quelque chose se passe qui tient à Fraser, âme en enfer poussant l’engagement d’acteur jusqu’à son point de décomposition.

Le naufrage de “The Whale”, mélo scolaire et désincarné
Bien peu inspiré, Darren Aronofsky échoue à accompagner les derniers jours de son héros obèse et reclus.
Qu’est-ce qui a poussé l’inconstant Darren Aronofsky (Black Swan, Mother!, The Wrestler, etc.) à aller déterrer une pièce de (vieux) théâtre (malgré le jeune âge de son auteur, Samuel D. Hunter) pour en tirer The Whale (littéralement, “la baleine”), film tout aussi poussiéreux ? Sans jeu de mots, tout est lourd dans l’histoire de ce prof qui donne des ateliers d’écriture à distance (il ne peut quasiment plus bouger) et a décidé de se suicider en mangeant au point de faire exploser son cœur gros. Et devinez quoi ? Il est fan de Moby Dick d’Herman Melville…
Les acteur·rices jouent mal (même l’excellente Sadie Sink, révélée par Stranger Things), les dialogues sont affligeants, expliquent tout à celles et ceux qui auraient des problèmes de compréhension, et l’image est très laide. Les effets spéciaux – pour faire encore davantage grossir Brendan Fraser (oui, l’acteur de La Momie), qui a évidemment pris du poids pour le rôle (attention, film à Oscars !) – sont si voyants qu’on se croirait parfois dans un Pixar lugubre.
On est loin de “La Grande Bouffe”
The Whale, scolaire et bébête, enfile les clichés et les platitudes psychologisantes sur la souffrance, l’adolescence, la vie, la mort, la coiffure de manière totalement et paradoxalement désincarnée. Aucun cinéma ici, aucun inconscient, puisque tout ce que la pièce a à dire, ce qui n’est pas grand-chose – on est loin de La Grande Bouffe de Marco Ferreri –, est explicité par des personnages qui évoluent dans un décor qui sent bon la peinture fraîche des retransmissions théâtrales de l’ORTF dans les années 1960. Le courageux Fraser, qui sort d’une traversée du désert, a été nommé aux Golden Globes, pour ce rôle, dans la catégorie meilleur acteur dans un film dramatique. Tant mieux pour lui.

Darren Aronofsky est un grand habitué du Lido vénitien, où il est déjà venu cinq fois et reçu le Lion d’or en 2008 pour The Wrestler, film qui remettait en pleine lumière Mickey Rourke après des années d’errance, très loin de son faste des années 1980. C’est justement du coté de ce film que lorgne avec insistance The Whale, présenté cette année en compétition à la Mostra. La structure est presque identique : un père au parcours jonché d’embuches et de descentes aux enfers, essaie de renouer une relation avec sa fille perdue de vue. Mickey Rourke incarnait un catcheur vieillissant, préoccupé par ce corps meurtri qui est son fonds de commerce. Brendan Fraser a été choisi par Aronofsky pour ce rôle de professeur de littérature anglaise empêché de sortir de chez lui à cause de son obésité morbide. Les deux films stigmatisent le corps de leur acteur principal, et tous deux sont présentés comme des renaissances pour deux acteurs qui furent au premier plan dans leur jeunesse avant de disparaître de l’affiche.
Le problème avec The Whale est surtout un problème de point de vue. L’auteur regarde son acteur, et en premier lieu son corps, comme on regarde un monstre. Chaque pas qu’il essaie de faire est filmé pour illustrer une déchéance physique, rythmée par une musique omniprésente qui souligne le trait avec beaucoup d’emphase. Cette obsession du corps du personnage de Charlie n’est à aucun moment doublée d’une explication de sa condition. Le film se nourrit de ces images accusatrices sans prendre la peine de tisser une explication sur la nature de ce qui est présenté comme une maladie de la volonté. Si Charlie est si gros, c’est qu’il a abandonné après le décès de son compagnon. Cette explication simpliste résume le simplisme de la démarche qui parcourt tout le film. Le regard porté sur Charlie est nommé explicitement : tous et toutes le trouvent « dégoutant ».
Ce regard est aggravé par une foule de détails plus dérangeants les uns que les autres. Tout d’abord, il est intolérable que l’obésité dans une fiction soit toujours montrée par le biais de ce que l’on appelle une « fat suit », à savoir un costume porté par l’acteur pour changer sa physionomie et lui faire atteindre le volume corporel recherché. Cet artifice ordurier et discriminant est utilisé pour faire atteindre un état critique au personnage, un point de non-retour qui signifie la mort. Car, en effet, on nous le dit dès les premiers instants : Charlie va mourir, son cœur ne peut plus tenir dans ce corps imposant. Sa tension artérielle crève les plafonds du genre et son amie infirmière lui donne au mieux quelques jours avant qu’il perde conscience et ensuite la vie. C’est dans ce sentiment d’urgence qu’intervient la volonté de Charlie de revoir sa fille tant que cela est encore possible. On trouve au détour de ces scènes une cruauté symbolisée par un humour de très mauvais goût où le spectateur est appelé à rire du personnage et de ce qui est désigné comme une monstruosité.
Si The Whale est dangereux dans sa représentation de l’obésité, il en devient répugnant dans sa surenchère d’effets visant à faire pleurer son public. Tout y passe, la convocation de souvenirs émus, le voyage au bord de l’eau, le texte écrit par sa fille plus jeune sur Moby Dick pour attendrir une fois de plus autour de cette relation interrompue où ne règnent plus que l’amertume et la déception. Ce vernis de pathos insupportable est tel un piège pour déclencher à tout prix l’émotion salvatrice et rédemptrice comprise dans le cahier des charges de ces fictions aronofskyennes, ce jusqu’à l’étouffement. The Whale démontre que la grossophobie est une discrimination encore trop peu prise au sérieux, et que le chemin est encore long avant qu’une véritable prise de conscience s’opère dans la société et que disparaissent ces fictions nocives qui font de la différence un motif d’humour on ne peut plus toxique.

Grand retour médiatisé de Brendan Fraser dans un rôle à Oscars, The Whale de Darren Aronofsky oscille entre mélo larmoyant et expérience déchirante avec Hong Chau, Sadie Sink, Ty Simpkins ou encore Samantha Morton dans les rôles secondaires. Exercice superficiel ou récit intimiste et sincère ?
Six ans après son sublime Mother!, Darren Aronofsky retrouve les salles de cinéma avec The Whale. Adapté de la pièce de théâtre éponyme écrite par Samuel D. Hunter, le film suit la tentative de réconciliation de Charlie, un homme en état d’obésité morbide, avec sa fille. Un sujet complexe et délicat, qui avait tout pour verser dans le mélo académique taillé sur mesure pour les Oscars. C’était évidemment sans compter sur le caractère atypique des œuvres de Darren Aronofsky.
Comme tout long-métrage adapté d’une pièce, le défi principal était tout d’abord de ne pas tomber dans du simple théâtre filmé. Sur certains aspects, The Whale ne parvient pas à éviter les pièges de l’exercice. Les dialogues verbeux, souvent trop explicatifs, alourdissent particulièrement le début du récit. Difficile également de ne pas trouver une certaine artificialité dans la façon qu’ont les personnages d’entrer et sortir du cadre sans raison, comme s’ils traversaient une scène.
Laissez-moi vous expliquer toute l'intrigue par un long monologue
Au-delà de ces quelques grosses ficelles, Darren Aronofsky parvient tout de même à faire une œuvre purement cinématographique qui dépasse rapidement la sobriété de son dispositif. À l’image de ce que Florian Zeller parvenait à faire en adaptant The Father, le cinéaste tire profit du décor unique comme d’un défi théorique particulièrement stimulant. Il joue ainsi avec les espaces, déforme nos perspectives.
Une fois la pièce de vie présentée, on traverse alors un couloir étroit qui se referme sur notre protagoniste, semble l’écraser comme les murs du Répulsion de Roman Polanski. C’est dans ces moments là que le cinéaste déploie tout le savoir-faire dont on le sait capable pour les huis-clos et la claustrophobie. Il confronte le gigantisme de son personnage à la petitesse de l’appartement. L’éclairage sombre et anxiogène vient renforcer cette spirale infernale qui évoque Mother! à plusieurs reprises.
Un labyrinthe mental sans issue
Afin de mieux tirer profit de la dimension purement cinématographique de cette adaptation, le réalisateur peut compter sur la partition déchirante de Rob Simonsen. Le compositeur dévoile une bande-originale subtile, qui n’envahit jamais la narration, mais permet de décupler l’émotion des séquences cruciales. Une collaboration réussie qui rappelle une fois encore à quel point Darren Aronofsky a le don de présenter un cinéma musical puissant, de Requiem For A Dream à The Fountain sans oublier l’évidence Black Swan.
Plus réussi encore, le design sonore donne au film une profondeur organique fascinante. On entend chaque sifflement dans la respiration de Charlie, les bruits de mastication et de déglutition qui viennent perturber le silence de l’appartement vide. La pluie extérieure devient pratiquement une bande-originale assourdissante par instants. The Whale présente un univers visuel et sonore charnel, une putréfaction qui semble aussi inévitable que désespérée.
PATHOS PORN
Si l’on a souvent reproché à Darren Aronofsky de produire un cinéma trop théorique et désincarné, il offre avec The Whale une réponse évidente. Non seulement le cinéaste livre ici son film le plus sensible depuis The Wrestler, mais il dévoile également une facette inattendue de son art dans le traitement qu’il réserve au drame et aux sentiments humains.
Comme toujours chez le réalisateur, difficile de ne pas voir dans son film une certaine forme de complaisance dans la représentation du morbide et de la déchéance. Le ton du long-métrage, plus misérabiliste qu’un Lars Von Trier privé de Prozac, va très probablement exclure d’entrée de jeu ceux qui sont hermétiques à son cinéma. Et ce dès la séquence d’ouverture.
Mais The Whale dévoile progressivement un cinéaste plus en retrait, qui laisse les émotions exploser à l’écran. Le drame psychologique prend rapidement le pas sur la démonstration technique. Loin de son style habituellement cynique et sophistiqué, Darren Aronofsky s’autorise un pathos premier degré particulièrement déstabilisant. Mais il semble impossible de nier que les émotions finissent par l’emporter sur le dernier tiers du récit.
L'état dans lequel on sort de la séance
La grande force du long-métrage est de pouvoir se reposer entièrement sur la performance de Brendan Fraser pour porter toute la force dramatique du récit. L’acteur transforme un rôle à Oscars en un exercice d’une sincérité désarmante. Son jeu pur et naïf permet aisément d’excuser toutes les outrances du personnage. Bien évidemment, le parcours intime chaotique et tragique de l’acteur n’y est pas pour rien. Mais il incarne Charlie avec une telle douceur que l’on peine à imaginer qui que ce soit d’autre dans ce rôle.
L’acteur peut également compter sur un casting secondaire solide. Mention spéciale à Hong Chau qui joue constamment sur un registre plus subtil et donne vie à certaines des séquences les plus émouvantes du film. La jeune Sadie Sink incarne à la perfection une adolescente dont l’apparente cruauté sans limites pouvait aisément verser dans la caricature.
REQUIEM FOR A FILM
À la lecture du synopsis, on pouvait se demander ce qui pouvait bien motiver Darren Aronofsky à se lancer dans une telle aventure. Pas franchement réputé pour ses mélodrames larmoyants, le cinéaste ne se range pas non plus dans la catégorie des réalisateurs académiques attendus sur ce type de projets. Mais bien au-delà de sa passion évidente pour l’enfermement et la perte de repères, il trouve avec The Whale un terrain d’expression qui lui correspond parfaitement.
On retrouve ainsi ses habituels questionnements théologiques et spirituels. La question d’une force divine face au deuil se posait déjà dans The Fountain. Le rapport au divin était plus que jamais remis en question dans Noé et Mother!. Cette fois-ci, il aborde la thématique de manière très frontale par le biais d’un missionnaire religieux qui se donne pour mission de sauver l’âme de Charlie. La démarche manque parfois de finesse, cependant la conclusion vient apporter une profondeur ambiguë et passionnante à cette question.
Mais c’est surtout ce héros atypique, à contre-courant, qui semble passionner le réalisateur. On le sait, Darren Aronofsky est un cinéaste à la filmographie imprévisible, qui n’a jamais peur d’être mal-aimable ou excessif dans ses partis-pris. On comprend alors aisément l’affection qui le lie à ce protagoniste marginalisé, qui pousse ses étudiants à sortir du cadre. Un homme pour qui l’honnêteté dans le rapport à l’art prévaut sur toutes les analyses intellectuelles les plus poussées. Un homme capable de déceler le bien et l’optimisme même face aux plus cyniques.
C’est cette démesure-là qui rend The Whale bien plus touchant qu’il n’y paraît. Toujours tiraillé entre dolorisme et espoir, Darren Aronofsky continue de tisser une œuvre sans concession et jusqu’au-boutiste. Quitte à déplaire. Et c’est sûrement cela qui rend son cinéma si passionnant, quand bien même il s'avère parfois inégal.

The Whale est un film choc qui transforme les débats autour de l’obésité en grand spectacle
S’il ne fait aucun pli que Brendan Fraser livre une performance extraordinaire dans The Whale, on a plus de réserves sur le film qui marque son grand retour.
Spoiler alert : on livre ici des éléments de l’intrigue de The Whale.
En vue de la prochaine cérémonie des Oscars, on a beaucoup parlé du retour de l’acteur Brendan Fraser, pour lequel la presse anglo-saxonne a forgé un de ses mots-valises dont elle a le secret, la Brenaissance. Souvent considéré comme un gentil garçon broyé par la machine hollywoodienne avant de disparaître des écrans, celui qui avait été autrefois le jeune premier de choix du cinéma américain a été progressivement relégué à jouer les seconds rôles (de personnages souvent bien en chair), et à faire l’objet d’articles de type “que sont-ils devenus”. En 2018, il révélait que son absence temporaire des écrans était le résultat d’une combinaison de plusieurs facteurs : des problèmes de santé liés à ses entraînements sportifs et ses cascades, mais aussi, un blacklistage de la part de l’industrie suite à sa dénonciation de l’agression sexuelle qu’il accuse Philip Berk, alors président de l’Association de la presse étrangère à Hollywood (organisme qui chapeaute les Golden Globes) d’avoir perpétré à son encontre. Le public semblait donc dans l’attente de son retour en haut de l’affiche, après sa disparition progressive.
Les premiers échos de son grand retour à l’affiche d’un film de Darren Aronofsky, qui vantaient tous sa performance extraordinaire, ne pouvaient donc que nous réjouir. La Brenaissance tant attendue était enfin arrivée. Mais, si l’on ne veut pas gâcher la fête, et que l’on se félicite du retour en grâce de Brendan Fraser et de sa nomination aux Oscars, cela ne nous empêche pas d’émettre de franches réserves sur le film qui lui sert de véhicule. En effet, The Whale, une œuvre qui prétend défendre des valeurs d’empathie et de soin, n’est rien d’autre qu’un film-choc assez monstrueux. Dans celui-ci, le meilleur sort auquel puissent rêver les gros, c’est de se racheter une conduite, avant de manger jusqu’à la mort.
Dans The Whale, Brendan Fraser incarne Charlie, un professeur d’anglais qui donne des cours d’écriture par Zoom, sans allumer sa caméra, car il pèse plus de 250 kg. Devenu boulimique suite au suicide de son compagnon, pour lequel il avait quitté sa femme et sa fille, il laisse sa santé se détériorer à vitesse grand V. Se sachant vivre ses derniers jours et refusant tout type d’intervention médicale, il cherche à racheter ses fautes auprès de sa fille (Sadie Sink) avec laquelle il s’est brouillé.
Charlie est quelqu’un de doux, qui cherche à voir le bon côté des choses, même s’il se refuse à voir son bon côté à lui. Cette gentillesse naturelle fait de Brendan Fraser l’acteur idéal, même si le fait qu’il ait dû porter un fat suit pour l’incarner n’a pas été sans créer de polémique. Sous ce corps, qui est une gangue de traumatismes accumulés, se cache une lumière intérieure, reflet de la transformation de Charlie au fil du film, qui s’amuse pourtant à faire de cette armure un spectacle guignolesque.
Tout au long de leur tournée promotionnelle massive en vue des Oscars, Brendan Fraser, Darren Aronofsky et le scénariste Samuel D. Hunter (le film est adapté de sa pièce de théâtre homonyme) ont rabâché que leur film était une histoire d’amour, de rédemption et d’espoir. On a pourtant bien de la peine à les trouver dans The Whale. Le film s’ouvre sur un arrêt cardiaque de Charlie, provoqué par une masturbation en regardant du porno gay, et niveau dignité, le reste du film sera du même acabit. Chaque scène est tournée en plan rapproché presque étouffant, les bruits de Charlie lorsqu’il mange comme un ogre sont amplifiés à l’extrême et son obésité est approchée avec cette même tendance à l’horreur corporelle que l’on retrouve déjà chez Aronofsky dans Black Swan et Mother.
Il n’y a rien d’humain dans ce portrait, tout nous pousse à regarder avec dégoût et consternation l’obésité hors norme de cet homme. Charlie accepte sans rechigner d’être humilié par sa fille puis, plus tard, par ses élèves, comme si c’était simplement la rançon à payer pour son choix de vie. Il s’en fait une raison en considérant que ce sont les gens blessés qui cherchent à blesser les autres, mais il n’en reste pas moins que cela ne fait que renforcer l’idée selon laquelle les gros méritent les agressions dont ils sont victimes. Pour finir, après s’être réconcilié avec sa fille et avoir mis de l’ordre dans ses relations, il meurt en essayant de marcher sans son déambulateur. On a du mal à voir où est l’espoir là-dedans.
La pièce de théâtre sur laquelle se base le film avait été écrite par Samuel D. Hunter comme une sorte de préfiguration de ce que l’avenir aurait pu lui réserver s’il n’avait pas réussi à se soigner de sa boulimie. On est donc loin de l’empathie, et bien plus dans le domaine de la fable morale. Certes, le film n’est pas un réquisitoire contre les gros. Il n’affirme pas que tous ceux qui souffrent d’obésité sont rongés par la haine de soi et la culpabilité, même si c’est le cas de ce personnage en particulier. L’équipe du film se tire habilement de ces possibles accusations en demandant au public de considérer qu’il s’agit d’une histoire particulière. Mais cette défense s’écroule au bout d’un moment, car il n’y a rien de bienveillant à raconter l’histoire d’un gros qui mange jusqu’à en mourir. Ce message, renforcé par les médias et la société, empêche de transformer notre regard sur l’obésité. On a parlé de The Whale comme un film important, parce qu’il osait montrer la réalité quotidienne d’une personne vivant avec son obésité, mais plutôt que d’élever le débat, il préfère le plonger dans l’abjection.
Malgré tous ces reproches, Brendan Fraser livre une performance éblouissante dans The Whale. Il arrive à donner une intériorité au personnage de Charlie, quand bien même le film voudrait se concentrer sur son aspect extérieur. La seule empathie qui se dégage du film ne naît que de la grâce qui se dégage l’acteur dans le personnage de Charlie et que l’on a pu constater tout au long de la campagne promotionnelle du film. Son nom mérite tout à fait de figurer parmi les nommés, et on pourrait difficilement contester une possible victoire. Le risque étant que ce débat soit passé sous silence une fois la saison des Oscars terminée. Si le film n’avait pas mis à l’honneur un acteur disparu des radars que le public se réjouit de retrouver, on aurait certainement parlé beaucoup plus de son propos. Personne ne pourrait s’irriter d’une victoire de Brendan Fraser aux Oscars, même si celle-ci viendrait récompenser un film médiocre, et franchement discutable dans sa représentation de l’obésité.

Après un blockbuster bancal mais curieux (Noé) et un bric-à-brac insauvable (Mother), Aronofsky semble revenir, du moins en apparence, à un semblant de sobriété avec ce film contenu dans l’espace d’un petit appartement et ramassé sur une poignée de jours – les derniers de Charlie, un professeur d’anglais atteint d’obésité morbide. Le seul réel effet spécial, mais de presque tous les plans, c’est ce corps gigantesque dans lequel se glisse le revenant Brendan Fraser, selon une logique qui n’est pas sans rappeler l’argument promotionnel du « comeback » de Mickey Rourke dans The Wrestler. Étonnamment, Aronofsky, pourtant guère réputé pour faire dans la dentelle, s’attarde assez peu sur la dimension la plus glauque de son récit : les bouffes pantagruéliques du colosse brisé, qui s’empiffre pour mieux se tuer à petit feu.
C’est que le cinéaste envisage ce corps avant tout comme l’incarnation d’une dualité entre la surface et la profondeur (l’enveloppe et l’âme, pour faire vite), le scabreux et la poésie. Charlie sermonne d’ailleurs les élèves du cours qu’il donne à distance : l’important, ce n’est au fond pas le style, mais « l’honnêteté » de ce qu’ils ont à dire. Drôle de morale esthétique, d’autant plus pour un réalisateur tel qu’Aronofsky, dont la débauche d’effets et le trop-plein sont les moteurs. Il faut attendre le générique de fin pour que se confirme surtout une hypothèse nourrie par la part verbeuse du film et les mouvements des acteurs, trop artificiellement chorégraphiés pour être « honnêtes » : The Whale n’est pas seulement un huis clos, mais l’adaptation d’une pièce montée en 2012 à New York. Dépouillé de ses oripeaux numériques, le cinéma d’Aronofsky fait alors sienne une conception de l’épure discutable, moins visuellement surchargée mais tout aussi maniérée : celle du mauvais théâtre.

L’industrie hollywoodienne peut être aussi généreuse que cruelle. Ainsi crée-t-elle des stars pour mieux, souvent, les déchoir. Il suffit de quelques échecs pour qu’une vedette adulée sombre dans l’oubli. Sauf qu’il est parfois des cinéastes qui se souviennent : retour professionnel et remontée au firmament pour l’étoile déchue… C’est ce qui arrive en ce moment à Brendan Fraser, idole des années 1990-2000, qui bouleverse dans le film The Whale (La baleine), de Darren Aronofsky, un magicien du come-back avec qui l’on s’est entretenu.
Tiré d’une pièce de Samuel D. Hunter, The Whale s’intéresse à Charlie, un professeur en deuil de son amoureux qui enterre sa peine — littéralement — sous un monceau de nourriture. Cela, jusqu’à ce que mort s’ensuive. Dans les derniers jours de ce lent suicide, Charlie souhaite régler certains dossiers existentiels, à commencer par sa relation conflictuelle avec sa fille adolescente.
« Nous vivons une époque incroyablement cynique, et le cynisme est une maladie qu’on attrape facilement, parce qu’on éprouve cette fausse certitude qu’il sera plus simple de vivre en se foutant de tout et de tout le monde », explique Darren Aronofsky lors d’une entrevue réalisée au Festival international du film de Toronto en septembre dernier.
« La COVID a contribué à nous séparer davantage. Et ce que j’aime de Charlie, même s’il a du mal à s’aimer lui-même, c’est qu’il est convaincu que les gens sont remplis d’amour et de compassion. Je ne pense pas qu’il y ait de meilleur message à lancer au monde en ce moment. »
Confinée à l’appartement de Charlie, l’intrigue le voit interagir avec divers personnages de passage. « Je savais qu’il me serait ardu de rendre cinématographique ce huis clos. Mais ça m’excitait. Les contraintes sont une réalité inhérente à mes projets, d’où ma conviction qu’une contrainte, c’est en fait une opportunité d’enrichir ma grammaire cinématographique. Ce dont je suis fier par rapport à ce film-ci, c’est qu’en visionnant le montage préliminaire, je n’ai pas ressenti de claustrophobie. La caméra a su capter les performances à mon sens fascinantes des interprètes. »
Parlant de performances, celle de Brendan Fraser est aussi épatante que le veut la rumeur. D’ailleurs, tout en se réjouissant de ce retour, on a souvent insisté sur le fait qu’il s’agit d’une composition dans un registre dramatique d’autant plus étonnant que l’acteur s’est autrefois distingué dans la comédie, l’aventure et l’action. Mais c’est là mal connaître la filmographie très diversifiée du principal intéressé, qui s’est déjà illustré dans le drame.
On songe ici à School Ties (Collège d’élite), en étudiant juif victime de l’antisémitisme de ses riches camarades, à The Passion of Darkly Noon (Étrange obsession), en rescapé de secte, et à Gods and Monsters, en jeune jardinier courtisé par le réalisateur sexagénaire de Frankenstein, James Whale.
Il est vrai, ceci dit, que dans The Whale, Fraser atteint un véritable état de grâce.
« Le plus grand défi pour moi consistait à trouver le bon acteur pour jouer Charlie, opine Darren Aronofsky. J’ai acquis les droits de la pièce il y a plus de dix ans, et j’ai beaucoup réfléchi à la question. J’ai rencontré tout un tas d’acteurs, connus et inconnus, mais aucun ne m’a ému. Puis, un jour, j’ai vu par hasard la bande-annonce d’un film brésilien dans lequel Brendan avait un rôle de soutien, et j’ai comme eu une illumination. C’était lui. Sam dépeint de si belle façon, et avec une telle précision, le personnage dans sa pièce et dans son scénario, que j’avais soudain l’impression, en voyant Brendan, de me trouver en présence de Charlie. C’était une évidence. »
Pour autant, le cinéaste devait s’assurer que l’acteur était à la hauteur, en plus de tenir à ce que Samuel D. Hunter donne son accord.
« J’ignorais si Brendan avait ça en lui ; s’il pouvait aller si loin, dans son jeu. Alors j’ai organisé une audition à New York avec Sam, et nous n’arrivions tout simplement pas à détacher les yeux de Brendan. »
Un retour après l’autre
Depuis la première du film à Venise, on a beaucoup commenté le fait que Brendan Fraser porte dans le film des prothèses et du maquillage conçus par le Québécois Adrien Morot, et dont le poids s’élève à 300 livres (le personnage en pèse 600). Or, le parcours de l’acteur, l’évolution de son corps en l’occurrence, rend l’artifice honnête.
Longtemps reconnue et admirée pour son physique d’athlète, la vedette de George of the Jungle (George de la jungle) et de la saga The Mummy(La momie) s’est surentraînée des années durant et s’est soumise à des cascades périlleuses qui ont fini par broyer son corps. Même sans les livres supplémentaires qu’il a confié avoir prises pour le rôle, l’embonpoint est sa nouvelle normalité.
Il y a donc, du fait de la présence de Fraser, un fascinant et poignant commentaire sur la tyrannie des apparences dans l’industrie à l’oeuvre en filigrane de The Whale.
C’est cependant le visage hyperexpressif de Brendan Fraser qui fait en sorte que la magie opère. Sans surprise, l’acteur est depuis des mois le favori dans la course à l’Oscar du meilleur interprète masculin.
À ce propos, lorsqu’on fait remarquer à Darren Aronofsky qu’après Ellen Burstyn dans Requiem for a Dream (Retour à Brooklyn), Mickey Rourke (voire Marisa Tomei) dans The Wrestler (Le lutteur), tous nommés aux Oscar, et maintenant Brendan Fraser dans The Whale, il n’a pas son pareil pour orchestrer des retours professionnels, le réalisateur sourit.
« Vous savez, ça se produit chaque fois de manière différente. Ce n’est jamais prémédité. Par exemple, Ellen était mon sixième choix pour Requiem : toutes les autres actrices ont refusé le rôle, et refusé de travailler avec le réalisateur à petit budget que j’étais. Ellen avait vu Pi, mon premier film à 20 000 $US, et a manifesté son désir de travailler avec moi : j’étais ravi et ébloui. Mickey, j’étais un admirateur, enfant… Je trouvais qu’il possédait un talent unique et qu’il méritait une deuxième chance. Brendan, quant à lui, j’avoue que je n’étais pas super familier avec ses films : c’était un instinct. »
Au sujet de l’acteur toujours, Darren Aronofsky conclut : « Pour être tout à fait franc, je n’avais aucune idée que Brendan était aimé à ce point. Les témoignages de solidarité et d’affection que j’ai vu passer depuis qu’on a commencé à écrire sur sa performance dans le film, c’est fou ! C’est fou, et c’est magnifique. »
Comme quoi, Charlie a peut-être raison de croire que l’humanité est remplie d’amour et de compassion.
Fiche technique
The Whale
États-Unis2023
Réalisation : Darren Aronofsky
Scénario : Samuel D. Hunter
d'après : la pièce éponyme
de : Samuel D. Hunter
Image : Matthew Libatique
Production : A24, Protozoa Pictures
Interprétation : Brendan Fraser (Charlie), Sadie Sink (Ellie), Ty Simpkins (Thomas), Hong Chau (Liz), Samantha Morton (Mary)...
Distributeur : ARP Sélection
Date de sortie : 8 mars 2023
Durée : 1h57

Le réalisateur

Darren Aronofsky
Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Brooklyn (New York) , le 12/02/1969
Biographie :
Darren Aronofsky est un surdoué du cinéma américain issu de la scène indépendante. Sa carrière est caractérisée par une approche psychologique radicale, une certaine rareté, mais aussi des échecs réguliers.
Darren Aronofsky est un cinéaste new-yorkais passionné par l’image et les déchirements de l’âme humaine. Auteur de l’intellect, des âmes perdues et des névroses profondes, il se refuse à un cinéma de couleurs et de joie pour inspecter les retranchements de l’âme humaine.
Protozoa Pictures, une société de production fondée en 1997
Il fonde dès 1997, à l’âge de 25 ans, sa propre société de production, Protozoa Pictures qui développera tous ses projets et de nombreuses productions autres (Abîmes de David Twohy, 2 Days in New York de Julie Delpy, Jackie de Pablo Lorrain, Aftermath d’Elliott Lester avec Arnold Schwarzenegger, Undercover de Yann Demange, le documentaire The Territory d’Alex Pritz, The Good Nurse de Tobias Lindholm proposé sur Netflix…).
En tant que cinéaste, Darren Aronofsky est révélé en 1998 avec le thriller mathématique PI, film d’auteur au budget minuscule de 60 000$ qui réalise 3 millions de dollars rien qu’en Amérique du Nord où son excellente réputation démarre à Sundance. En France, Pi est remarqué au festival de Deauville en septembre 1998. Il sortira en salle en février 1999 via le distributeur StudioCanal.
Requiem for a Dream : cauchemar et choc cinématographique
En 2002, Darren Aronofsky revient avec son second long métrage, une œuvre fascinante de par sa réalisation, Requiem for a Dream. D’une noirceur impénétrable, cette descente dans les enfers de la drogue est l’adaptation du roman d’Hubert Selby Jr., publié en 1978. Ce drame puissant relance la carrière d’Ellen Burstyn et Jennifer Connelly, et confirme l’ascension de Jared Leto après des films comme La piste du tueur, La Ligne rouge, Urban Legend, Fight Club et American Psycho. Le film est une bête de festival (il est dévoilé à Cannes) et recevra de nombreux prix. Aux Oscars, à une époque où le cinéma indépendant est systématiquement ignoré, Requiem for a Dream ne reçoit qu’une nomination pour Ellen Burstyn (L’exorciste, 1973).
Le premier flop de Darren Aronofsky : The Fountain
La carrière de Darren Aronofsky est mise à mal par son troisième film, The Fountain. Cette romance ésotérique avec Hugh Jackman, qui remplace au pied levé Brad Pitt, longtemps envisagé en haut de l’affiche, va être un revers considérable. La production de 30-35M$, coproduite par Warner et New Regency, reçoit des critiques très partagées, voire négatives, dès sa première à Venise. Avec 201 000 entrées en France en 2001, The Fountain se situe au plus bas des chiffres de l’auteur, si l’on écarte la micro-production Pi qui n’avait pas bénéficié d’une telle sortie.
The Wrestler et la rédemption collective
En 2008, Darren Aronofsky revient avec un petit budget, The Wrestler, projet qui lui tient à cœur et qui l’incite à abandonner la réalisation de The Fighter, avec Christian Bale, sur lequel il sera crédité comme producteur exécutif. The Wrestler, inattendu, décroche le Lion d’Or à Venise. Ce film sur la rédemption d’une star du catch déchue, est l’œuvre de la résurrection pour Mickey Rourke et permet à Marisa Tomei de trouver l’un de ses meilleurs rôles. Nicolas Cage avait été envisagé pour le rôle principal mais abandonna le projet. Au vu de son petit budget (7M$), The Wrestler est un beau succès, avec 25M$ aux USA. En France, le résultat est assez poussif, avec seulement 244 000 spectateurs en raison d’un bouche-à-oreille négatif. La biographie sportive démarre bien (137 000 entrées), mais dégringole en 2e et 3e semaine (-59%, et 63%). Il est vrai, The Wrestler n’est pas le meilleur film de son auteur.
Black Swan : un vertige de noirceur et un triomphe mondial
En 2011, Darren Aronofsky réussit un exploit avec Black Swan. Production d’auteur cossue de 18M$, coproduite par la Twentieth Century Fox, cette réussite patente va tourner au phénomène au box-office. Le cinéaste réussit pour la première fois à atteindre les 100 millions de dollars de recettes au box-office nord-américain, malgré un sujet sombre et tourmenté destiné exclusivement aux adultes. Dans le monde, ce thriller opératique empoche 329M$. En France, ce sont 2 500 000 spectateurs qui sondent les afflictions de Natalie Portman dans son plus grand rôle. L’actrice au firmament de sa carrière décroche l’Oscar de la meilleure actrice. Black Swan sera par ailleurs nommé à la réalisation et comme Meilleur film. Au total, le film reçoit près de 300 nominations dans le monde dont une aux César comme Meilleur film étranger.
Darren Aronofsky dans les contrées académiques de l’épopée biblique
Le succès de Black Swan permet à Darren Aronofsky de réaliser sa première superproduction avec Noé (2014). Le cinéaste avait pourtant travaillé au développement du remake de RoboCop et The Wolverine. Cette fois-ci, le blockbuster épique de Paramount se fera bien mais le résultat est décevant sur un plan artistique. Les critiques sont mornes et le public moyennement convaincu, à l’instar de bien des productions bibliques de l’époque. Noé fait pourtant le minimum au box-office : 100M$ aux USA, 1 300 000 entrées en France, 359M$ dans le monde. L’épopée est évincée des Oscars, BAFTA et autres cérémonies.
Quand Aronofsky rime avec Zulawski : Mother!
En 2017, Mother! est sa réponse à l’académisme sur lequel on l’a attaqué avec Noé. Film proche de la densité hystérique de Andrzej Zulawski, cette nouvelle collaboration avec Paramount Pictures lui vaut de détourner Jennifer Lawrence de la franchise Hunger Games. Mais les critiques sont partagés et le grand public récalcitrant face à sa radicalité, sa sexualité crue et sa violence de ton. Les Razzie Awards le nominent dans trois catégories principales. Les Oscars le boudent. L’échec est évidemment commercial, avec 17M$ de recettes aux USA pour un budget de 30M$. Dans le monde, la contreperformance sera à la hauteur du faux événement qui ne réitèrera jamais la réussite de Black Swan.
The Whale, la controverse et les larmes
Darren Aronofsky attendra cinq ans et son 8e film, The Whale, pour trouver sa propre rédemption artistique. Comme Mother! et la plupart de ses films, cette adaptation d’une pièce de théâtre trouve la lumière au Festival de Venise où elle est longtemps applaudie. En mettant en scène les derniers jours d’un homme souffrant d’obésité morbide, le défi est grand, notamment pour l’acteur Brendan Fraser, formidable dans ce rôle qui sonne comme sa propre rédemption artistique. Si les critiques sont partagées en raison de l’aspect mélodramatique de l’œuvre et pour certains, une tendance (non avérée, ndlr) à la grossophobie, The Whale réussit à glaner trois nominations aux Oscars, notamment pour l’interprétation. Une partie de la presse française encense le drame bouleversant, une autre lui reproche ses retranchements dans le mélodrame. Dans un contexte défavorable au cinéma d’auteur aux USA, The Whale empochera tout de même plus de 17M$ de recettes pour un budget de seulement 10M$, permettant à la firme A24 de se satisfaire de cet accueil, puisque réalisant autant que The Fabelmans de Steven Spielberg dont les critiques étaient nettement supérieures et le budget quatre fois plus élevé.
Filmographie :
-
1998 : Pi
-
2000 : Requiem for a Dream
-
2006 : The Fountain
-
2008 : The Wrestler
-
2010 : Black Swan
-
2014 : Noé (Noah)
-
2017 : Mother!
-
2022 : The Whale
BRENDAN FRASER
SAMUEL D HUNTER
Samuel D. Hunter est un dramaturge, scénariste et réalisateur américain, qui a été nominé pour un prix Pulitzer, un prix Obie et six Tony Awards. Il est connu pour ses représentations réalistes de la vie rurale et des petites villes contemporaines aux États-Unis. Ses oeuvres se concentrent souvent sur la vie de personnes qui vivent dans les petites villes et les environnements ruraux, cherchant la rédemption à travers des relations personnelles et des moments mémorables.
Les scénarios de Hunter se définent par une caractérisation habile des relations humaines, des structures narratives non linéaires et un humour ironique. Ses œuvres présentent également des décors vivants qui servent à ancrer l’histoire tout en donnant une idée des luttes et des aspirations des personnages. Les thèmes de Hunter sont souvent centrés sur la dynamique familiale, la religion, la santé mentale, la sexualité et le passage à l’âge adulte.
Ses œuvres comprennent « The Whale », « A Bright New Boise », « The Few », « A Permanent Image », « The Harvest », « Rest » et bien d’autres qui ont été jouées dans des théâtres du monde entier. Hunter a créé de nombreuses nouvelles pièces dans le cadre de commandes passées par d’importantes maisons de théâtre telles que le Guthrie Theater de Minneapolis, le Humana Festival de l’Actor’s Theatre of Louisville, le Mark Taper Forum de Los Angeles, le Signature Theatre de New York, le South Coast Repertory de Costa Mesa en Californie et la Steppenwolf Theatre Company de Chicago.
En plus de son travail pour la scène, il a écrit pour des émissions de télévision telles que « Parks & Rec » (NBC), « Masters of Sex » (Showtime), « Rectify » (Sundance), entre autres. Au cinéma, il a notamment écrit A Boy Called Po (2017), réalisé par John Asher avec Laurence Fishburne ; I’ll See You In My Dreams (2015) avec Blythe Danner ; I Smile Back (2015) avec Sarah Silverman ; A Walk Among The Tombstones (2014) avec Liam Neeson ; Touchy Feely (2013) avec Rosemarie DeWitt ; et Punching The Clown (2011) avec Henry Phillips, pour n’en citer que quelques-uns.
Les pièces de Samuel D Hunter ont été traduites en de multiples langues, notamment en français, en espagnol, en allemand, en néerlandais, en chinois, en japonais, en coréen, en hébreu, en russe, en polonais, en tchèque, en slovaque, en estonien, en suédois, en norvégien, en danois, en lituanien, en hongrois, en roumain, en croate, en indonésien, en malais, en thaïlandais, en vietnamien, etc. En 2017, il a été intronisé à l’American Theater Hall of Fame aux côtés d’autres personnalités célèbres comme August Wilson Edward Albee Christopher Durang Stephen Sondheim, parmi beaucoup d’autres.

La BO
Pour aller plus loin
Extrait de la pièce de théatre