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DHEEPAN Jeudi 24 Septembre 20h30
La dérive des continents Jeudi 22 Septembre20h30
Genre : Drame
Nationalité : Suisse
Année de sortie : 2022
Durée : 01h24
Version : Couleur
Public : Tout public
LA DÉRIVE DES CONTINENTS (AU SUD)
de Lionel Baier,
Avec
Isabelle Carré,
Théodore Pellerin,
Ursina Lardi,
Bande Annonce
Synopsis et détails
Nathalie Adler est en mission pour l’Union Européenne en Sicile. Elle est notamment chargée d’organiser la prochaine visite de Macron et Merkel dans un camp de migrants. Présence à haute valeur symbolique, afin de montrer que tout est sous contrôle. Mais qui a encore envie de croire en cette famille européenne au bord de la crise de nerfs ? Sans doute pas Albert, le fils de Nathalie, militant engagé auprès d’une ONG, qui débarque sans prévenir alors qu'il a coupé les ponts avec elle depuis des années. Leurs retrouvailles vont être plus détonantes que ce voyage diplomatique…

A Ecouter


Critiques
La Dérive des continents (au sud), sélectionné à la dernière Quinzaine des réalisateurs de Cannes, est donc le troisième volet d’une tétralogie qui devrait se conclure avec Keek (au nord). Le cinéaste suisse y atteint des sommets de fantaisie politico-philosophique.
Crise migratoire, absurdités d’une administration kafkaïenne, incrédulité et panique à l’arrivée du Covid : le film s’inscrit dans une troublante actualité, terreau de situations aussi cruelles que cocasses. À commencer par la visite du président de la République et de la chancelière allemande dans un camp de migrants en Sicile. La veille encore, un malheureux a été retrouvé mort noyé sur une plage, troublant le repos des vacanciers. Nathalie Adler (Isabelle Carré, aussi solide que bouleversante), employée de la Commission européenne, peste contre le traitement médiatique de ces drames, mais poursuit sa mission, vaillante.
L’histoire intime de cette héroïne libre reflète les tourments de l’Europe. Comment avancer en solitaire sans être désespérément seule ? Nathalie, qui retrouve par hasard une ex-amante (Ursina Lardi), travaillant comme elle pour l’Union européenne, va aussi renouer avec son fils fâché, Albert (Théodore Pellerin), bénévole dans une ONG locale. Le film suit alors l’apprivoisement du grand dadet idéaliste, excessif et talentueux ー c’est un rappeur très populaire sur les réseaux sociaux ー par cette néo-mère, d’abord confite dans la culpabilité. Entre eux, un basculement a lieu dans le dédale hautement symbolique d’Alberto Burri : une œuvre monumentale et particulièrement cinégénique, construite à Gibellina, village entièrement détruit par un séisme en 1968… Comme la possibilité de (re) vivre ensemble, y compris sur des ruines.

Sur fond de drame humanitaire, une quête intime surprenante, qui mêle cruauté et drôlerie.
Après Comme des voleurs (à l’est) et Les Grandes Ondes (à l’ouest), Lionel Baier poursuit son exploration des liens familiaux et de l’identité, en miroir avec la construction de l’Europe, continent étrange, peuplé d’habitants aux surprenantes coutumes…

Tandis qu’un dirigeant populiste se réjouit de la décrue de l’immigration clandestine, Nathalie Adler, missionnée par l’UE en Sicile, orchestre la visite impromptue mais en réalité très mise en scène du président français et de la chancelière allemande dans un camp de migrants. Ça n’est pas de la tarte : leurs représentants ferraillent (« Qu’est-ce que c’est que ce village Pierre & Vacances ? ») et Nathalie tombe nez à nez avec le fils qu’elle a abandonné, rappeur révolté et militant d’une ONG. Lionel Baier, avec un sens aigu de la satire, de l’absurde et de la punchline, dénonce le cynisme de dirigeants qui refusent de voir la vérité en face, avant de bifurquer sur la résolution, plus confortable, du différend familial entre Nathalie et son fils, en pleine cambrousse. N’empêche, on sourit. Mention à Isabelle Carré, toujours aussi subtile. Sophie Grassin

La filmographie de Lionel Baier ressemble à une boussole. Après Comme des voleurs (à l’est) et Les grandes ondes (à l’ouest), cap vers un nouveau point cardinal pour le réalisateur suisse. Pour tourner son dernier long-métrage, La Dérive des continents (au sud), il a posé sa caméra en Sicile. Il en tire un film doux-amer, à l’humour caustique, présenté en mai dernier à la Quinzaine des réalisateurs du 75e Festival de Cannes.
Une satire européenne
À Catane, ville portuaire du sud de l’Italie, Nathalie Adler (Isabelle Carré), officier de liaison de la Commission européenne, doit organiser une visite du président français Emmanuel Macron et de la chancelière allemande Angela Merkel dans un camp de réfugiés. Avant la venue des deux chefs d’état, elle reçoit d’abord leurs deux représentants pour une "répétition" en amont d’une visite présentée comme "spontanée".
Problème, pour ces deux agents du navire européen : le camp est "trop propre", "pas assez dramatique". "Pardon mais, il n’y a pas de misère", ose même l’un d’eux. Le film n’aura par la suite de cesse de railler, avec un humour grinçant, les rapports hypocrites, entre discours utopiques et déconnectés d’un côté, bureaucratie ubuesque et impasse humanitaire de l’autre, qu’entretient "la grande famille européenne" avec les exilés et les questions migratoires.
Au cours de la répétition, Nathalie tombe nez à nez avec son fils Albert (Théodore Pellerin), bénévole au sein d’une association intervenant sur le camp. Problème, là encore : les deux ne se sont pas vus depuis des années, Nathalie ayant abandonné son fils à la découverte de sa propre homosexualité. Entre deux chamailleries franco-allemandes, et avec la tragédie migratoire en toile de fond, mère et fils vont tenter de recoller les morceaux.
Mélange des genres
On passe facilement du rire à la larme à l’œil dans ce film qui se plaît à mélanger les genres. Outre les passages humoristiques ou dramatiques, certaines scènes tiennent presque du fantastique ou de l’absurde. Le début et la fin réservent de beaux moments d’émotion et tissent une réflexion politique intéressante sur les possibles résistances, notamment villageoises, locales, à un système global (l’Union européenne) déshumanisant. Entre les deux, le film pâtit de quelques longueurs et d’un aspect un peu brouillon qui donne parfois au spectateur l’impression d’être un peu perdu.
Finalement, et on peut le regretter, le film laisse peu de place à la situation des exilés. À moins que ce ne soit un moyen de renvoyer chacun à sa propre inaction, y compris les spectateurs concentrés sur les péripéties de la mère et du fils. Il est si aisé, même pour le réalisateur, de détourner le regard. Lors d’une scène dans le camp de réfugiés de Catane, une jeune femme s’adresse à une petite foule militante – dont fait partie Albert, le fils révolté, venue manifester téléphone au poing devant les grilles face aux journalistes et représentants de la délégation européenne : "Vous nous filmez tout le temps, mais vous souciez-vous de nos sentiments ?"
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