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Alma Viva                                                                 Jeudi 25 Mai 20h30
                                                                         

Synopsis et détails

Comme chaque été, la petite Salomé retrouve le village familial, niché au creux des montagnes portugaises, le temps des vacances. Tandis que celles-ci commencent dans l’insouciance, sa grand-mère adorée meurt subitement. Alors que les adultes se déchirent au sujet des obsèques, Salomé est hantée par l’esprit de celle que l'on considérait comme une sorcière.

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Critiques

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Dans un Portugal hors du temps, une enfant est possédée par l’esprit de sa grand-mère adorée. Poignant.

Tôt ou tard, toute femme indépendante se fait traiter de sorcière », professe, tel l’oracle, l’oncle aveugle de Salomé. La petite fille de 9 ans passe son été au Portugal auprès de sa grand-mère adorée et de sa tante bougonne alors que sa maman est restée en France. Il fait un soleil étouffant dans ce petit village hors du temps de la région de Trás-os-Montes (« de l’autre côté des monts »), les mouches volent mollement dans la chambre où Salomé coiffe les cheveux de sa mémé bien en chair et en soutien-gorge rose, et elles dansent ensemble en riant, ou chantent, à la lueur des bougies, pour apaiser les âmes des disparus. C’est l’insouciance des bals et de la pêche à la truite, à la rivière. Mais ce Portugal reculé est aussi le pays des esprits et des superstitions. Lorsque la vieille dame meurt soudain (à cause d’un mauvais sort jeté par une ennemie ?), Salomé se retrouve possédée par l’esprit de celle que tout le village considérait comme une sorcière…

Naissance d’une cinéaste magique : en moins d’une heure trente, avec une simplicité confondante, Cristèle Alves Meira embrasse la chronique naturaliste et le conte occulte, le western rural et le drame familial. Un parfum de Cría cuervos, une larme de L’Argent de la vieille (quand la famille se déchire autour de la dépouille) et une belle trivialité féminine, toute fellinienne, se diluent savamment dans le tableau quasi anthropologique du quotidien villageois et des pratiques de sorcellerie — moment incroyable où la gamine, en gros plan, mâchouille, puis finit par avaler, une tête de poulet, censée l’exorciser…

Mais avant tout, Alma viva est une histoire d’amour : celle, passionnelle, d’une petite-fille et de sa grand-mère. Une histoire d’héritage, lourd à porter, possible à refuser, entre deux générations de femmes trop libres pour ne pas risquer d’être lynchées. Alors que des incendies approchent, que la haine monte, que pleuvent les pierres, un enterrement, aussi burlesque que bouleversant, paraît digne du Kusturica des débuts. Il s’achève sur un miracle. Et sur le regard de Salomé, interprétée avec une grâce butée par la propre fille de la réalisatrice. Une enfant qui, comme par magie, nous apprend la profondeur du deuil.

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JE N’AI QUE MON ÂME

Tout au début d’Alma Viva, premier long métrage de la Franco-Portugaise Cristèle Alves Meira, la petite Salomé tente d’apercevoir à travers un trou une chose étrange qui lui est de toute évidence cachée. Quel est donc ce mystère qu’elle ne peut pas comprendre ? Après cette scène qui donne le ton, le film explore avec sensibilité la porosité entre le visible et l’invisible. Salomé passe l’été dans son village familial, au cœur de la campagne portugaise, et sa grand-mère meurt. Elle meurt, mais son âme, comme le suggère le titre du long métrage, reste bel et bien vivante.

Dans son récent court métrage intitulé Tchau Tchau, Cristèle Alves Meira explorait déjà le deuil vécu par une fillette, jouée par la même jeune actrice qu’Alma Viva, et qui perdait cette fois son grand père. Dans notre entretien réalisé à cette occasion, la cinéaste commentait : « La mort est un sujet fascinant pour le cinéma parce qu’elle ouvre le champ du mystique et de l’insaisissable ». Si Tchau Tchau examinait ingénieusement la frontière parfois floue entre la fiction et le documentaire, Alma Viva se penche plus directement sur celle, fragile, qui sépare réel et surnaturel.

Face au confinement qui a parfois séparé les familles endeuillées, Alves Meira nous disait également : « Il a donc fallu s’adapter et inventer de nouvelles façons de se dire au revoir et de se rassembler ». Comment se résout-on à dire au revoir dans Alma Viva ? Les esprits se manifestent, les mauvais rêves s’invitent dans le quotidien, et dans ces conditions l’apprentissage de la petite Salomé n’est pas aisé. Cristèle Alves Meira dépeint un milieu rural où les croyances sont encore fortes, les diables et sorcières peuvent s’inviter entre un épisode de telenovela et une fête au village.

Une voisine détestait l’aïeule décédée, l’accusant de sorcellerie. Que Salomé puisse être une petite sorcière ne semble jamais vraiment vu comme une malédiction dans Alma Viva. Cette porte vers l’invisible est une initiation comme une autre pour la fillette à la découverte du monde, ainsi qu’une transmission entre le passé et le présent. Tout cela est regardé avec une certaine grâce et sans mièvrerie – le film peut tout à fait être méchant, brutal et revêche. Si le dénouement plus rocambolesque nous semble un peu forcé, Alma Viva tire parti de son étrange tension fantastique, comme de la photo signée par Rui Poças. La toute fin, qui semble citer celle de Shara, maintient un lien précieux avec l’invisible et le merveilleux.

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Récit de fantômes qui convoque la sorcellerie et les croyances, ce premier film portugais sublime autant le territoire et la culture qu’il filme que le propos qu’il engage autour de ce qui se transmet de femme en femme.

Pour son premier long métrage, Cristèle Alves Meira nous plonge dans un petit village de montagne de la région de Trás-Os-Montes, au nord-est du Portugal. Salomé (Lua Michel), fillette de 9 ans, vient passer ses vacances d’été chez sa grand-mère (Ester Catalão). Peu de temps après son arrivée, la matriarche meurt alors qu’elle était accusée par les habitant·es de pratiquer des actes de sorcellerie. Au sein d’une dynamique familiale et communautaire toxique, remplie de commérages, de jalousie et de superstition, une énorme querelle éclate et, au même moment, l’esprit de la défunte vient hanter l’âme de Salomé.

Dans ce premier coup d’essai aussi audacieux que protéiforme, la cinéaste franco-portugaise filme le deuil et la perte du point de vue de l’enfance. Elle entreprend un voyage aussi morbide que poétique pour un récit de fantômes qui rappelle à plusieurs instants Cría cuervos de Carlos Saura (1976).

Sorcières

Étonnant mélange d‘observations rurales et d’étrangeté liées à la sorcellerie, le film regarde cette famille se dévorer de l’intérieur d’une façon aussi cruelle que délicate. Et creuse jusqu’aux racines d’une tradition portugaise dont sont révélées les coutumes, les croyances comme les préjugés.

Le jaillissement des « pouvoirs invisibles », ici, raconte la place significative qu’occupent aussi les superstitions et l’occultisme dans la culture portugaise – l’importance que les femmes et hommes du pays y accordent dans leur quotidien –, et porte le parcours d’une émancipation féminine (« Tôt ou tard, toute femme indépendante se fait traiter de sorcière », rappelle le film à mi-parcours).

En nous projetant dans des limbes entre terrestre et spirituel, forme et abstraction, Cristèle Alves Meira parvient à tisser des liens complexes et profonds sur l’ascendance et l‘héritage féminin. À travers ce dernier, les femmes se transmettent les connaissances sur le mysticisme et l’ésotérisme mais surtout les armes pour affronter une société obstinément patriarcale.

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Si Alma Viva est un premier long-métrage, il est frappant de voir comment le film représente aussi un aboutissement pour sa réalisatrice. Passée par le théâtre, puis le documentaire, Cristèle Alves Meira a aussi mis en scène quatre courts-métrages, qui explorent chacun des territoires que son nouveau film réinterprète et prolonge. En 2014, avec Sol Branco, elle s’aventurait déjà dans les villages de montagnes du nord du Portugal et y filmait à hauteur d’enfants. Un point de vue qui est aussi au cœur d’Alma Viva, dans lequel le spectateur suit l’histoire à travers les yeux de Salomé, 9 ans. La petite fille est notre porte d’entrée dans ce récit familial qui se cristallise autour du décès de la grand-mère.

Dans son second court-métrage, Campo de Viboras, la cinéaste travaillait la question du surnaturel et de la croyance. Un doux fantastique, que l’on retrouve pleinement dans ce film où la grand-mère est considérée comme une sorcière à l’aura mystérieuse.

Enfin, Invisible Hero et Tchau Tchau nous présentaient des acteurs et actrices à nouveau convoqués dans son long : Duarte Pina et surtout Lua Michel, la fille de la réalisatrice, qui incarne Salomé.

Alma Viva, présenté l’an dernier à la Semaine de la Critique à Cannes, devient ainsi la consécration d’une œuvre déjà foisonnante, et d’une rare cohérence. Brouillant les frontières entre éléments fictifs et biographiques, Cristèle Alves Meira y place la famille au centre, que ce soit devant ou derrière la caméra.

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Un film de famille fait en famille

Cristèle Alves Meira revient de son petit village portugais avec un film de famille bouleversant. Son premier long-métrage Alma Viva, sélectionné en compétition à la Semaine de la Critique au festival de Cannes, raconte l’histoire d’une famille d’un village du Nord-Est du Portugal traversée par le deuil. La grand-mère, sorcière du village, meurt dans son sommeil aux côtés de sa petite-fille qui vit sa peine avec intensité et solitude, puis le fantôme rôde dans le village et cristallise autour de lui la douleur et la colère de la famille. La petite-fille, qui apprenait avec sa grand-mère à communiquer avec les morts, possède les mêmes dons et devra à son tour porter la charge des passeuses dans l’au-delà. S’abat alors sur elle tous les ressentiments du village sur sa grand-mère, personnage singulier, femme forte et indépendante, effrayante et aimée. Alma Viva traite du sort réservé aux femmes seules dans un Portugal que la réalisatrice décrit sans concession.

 

Ce premier long est le portrait d’un pays encore très habité par la superstition et très abîmé par la crise, mais Cristèle Alves Meira s’éloigne du réalisme naturaliste et de son habituel misérabilisme. Son film se défait des catégories de genre – il n’est pas fantastique ni social, ou il est des deux. Grâce au regard sincère que pose la réalisatrice sur ce village, il aboutit à un récit nuancé et une image magnifiée et naturelle.

Cristèle Alves Meira filmait déjà ce lieu familier pour la réalisatrice franco-portugaise dans Invisivel Heroi, un court-métrage qui avait été sélectionné à la Semaine de la Critique en 2019. On retrouve dans son long-métrage la qualité qui fait de cette réalisatrice une autrice au travail intéressant : Cristèle Alves Meira pose un regard tendre et familier sur ce qu’elle filme, sa famille, son pays, sa fille. Elle parvient à créer avec son sujet une étonnante intimité qu’elle transmet chaleureusement à son public. La réalisatrice choisit de jouer avec des professionnels et des non-professionnels et la direction d’acteur est très impressionnante. Parce qu’elle a décidé de faire ce film en communauté, avec sa famille et une équipe technique qu’elle connaissait déjà bien, Alma Viva est un film de famille surtout fait en famille.

Sa mise en scène, sobre, précise et surtout sensible, plonge le spectateur dans le deuil avec la jeune fille. L’image parvient à l’intimité de ses personnages et des lieux sans en forcer le passage par une brillante maîtrise des paysages et des portraits. C’est surtout le portrait de Lua Michel qui émeut : jeune actrice au grand talent et surtout fille de Cristèle Alves Meira, elle crée un personnage vibrant qui touche son public par sa sincérité. Dans Tchau Tchau, son précédent court-métrage, la réalisatrice filmait déjà sa fille dans un film qui lui-aussi racontait le deuil d’une famille mais en temps de Covid (dans un entretien avec Format Court, elle raconte d’ailleurs son passage du court au long).

 

Alma Viva réchauffe le cœur et fait froid dans le dos. C’est un film avec des fantômes, des rituels de sorcière, des scènes de possession. C’est aussi un film de famille, glaçant dans ce qu’il dépeint des relations humaines parce que le deuil est pénible. Il révèle le pire en l’humain, la douleur, la colère. Mais, par la force d’amour de la petite-fille, la famille résiste contre vents et marées et dans la pénibilité trouve son harmonie. Au travers de son deuil, on assiste aux déchirements d’une fratrie qui subit la haine d’un village ravagé par la crise. D’un point de vue subjectif très discret, le film se construit dans ce regard d’enfant. Deux yeux féroces comme candides observent le monde des adultes par le judas de la porte avant de se porter vers ciel qui soutient son regard dans un dernier plan majestueux.

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Alma Viva est un film profond, cocasse et direct qui appelle un chat un chat, montre les cadavres dans les cercueils, les viscères des poissons (pêchés par explosif), les corps nus des vieilles dames durant la toilette, tels qu’ils sont, épais, lourds et abîmés. Un film aux contours énigmatiques qui parvient à réunir en un seul geste le trivial et le spirituel, la rudesse du quotidien et l’éclat joyeux d’une chanson. Dans ce tableau où règnent le désordre et un équilibre précaire, la violence des sentiments et des coups de sang ne porte guère à conséquence, l’humour venant chaque fois dévier le drame, parfois le transformer en gag. Comme on le sait, c’est aux enterrements que surgissent les plus gros fous rires. Cristèle Alves Meira demeure sensible à ces contradictions qui donnent du relief à la matière. Une matière qu’elle se plaît, dans Alma Viva, à restituer à l’état brut. Telle que la découvre la petite fille dont le regard nous guide.

Querelles ancestrales

Elle se nomme Salomé (admirable Lua Michel) et, comme chaque été, passe ses vacances dans la maison familiale de sa grand-mère. Ici, au milieu des montagnes portugaises, la vie semble immuable, les querelles entre voisins se prolongent d’une année sur l’autre, et les langues demeurent bien pendues. Silencieuse et sérieuse observatrice, la gamine circule au milieu de ce petit monde – qui réunit tantes et oncles – sans trop se faire remarquer. Le spectacle de ce théâtre du quotidien l’interroge autant qu’il la construit, l’occupe et la tourmente un peu – surtout les croyances sur les morts et leurs esprits. Mais cet héritage, elle le sent bien, compose une part d’elle-même. Et peut-être, après tout, lui doit-elle cette gravité, profondément touchante, que l’on discerne au fond de ses yeux clairs.

Un film aux contours énigmatiques qui parvient à réunir en un seul geste le trivial et le spirituel

C’est à travers ce regard que nous apparaît toute une communauté aimante, bruyante, bouillonnante, qui n’en finit pas de régler ses comptes entre amis et ennemis. Les querelles sont ancestrales, chacun se plaisant à les entretenir d’une génération à l’autre. Il suffit d’une allumette pour les faire exploser. La mort soudaine de la grand-mère agit ainsi, qui non seulement va réveiller les vieilles rancœurs au sein du village, mais aussi dans la famille, les enfants de la défunte n’ayant pas toujours eu l’occasion de vider leur sac, puisque certains sont partis vivre en France, comme c’est le cas pour Salomé et sa mère.

Au milieu des chamailleries qui émaillent la préparation des obsèques, la petite fille, elle, se sent investie, hantée, par l’esprit de sa grand-mère. Laquelle, ayant eu les mœurs légères et s’étant vantée de pouvoir communiquer avec les morts, avait été toute sa vie traitée de sorcière. Salomé en fera les frais, sera pourchassée, caillassée, accusée à son tour, avant de trouver sa propre voie. Film féministe sans discours, récit d’émancipation sans le revendiquer, photographie d’un pays où la modernité côtoie les rites anciens : l’air de rien, en nous laissant croire que nous ne faisons que regarder par le trou d’une serrure, Alma Viva ouvre l’horizon et fait passer le message.

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Alma Viva, premier film de fiction de Cristèle Alves Meira, femme de théâtre et documentariste, est une œuvre très curieuse. Elle ne se laisse pas facilement approcher au premier regard. Salomé, franco-portugaise, passe ses vacances auprès de sa mamie dans une bourgade reculée. Elle y découvre les rites de l’ancêtre, ainsi que les rancœurs d’une vieille acariâtre du village vis-à-vis de son aïeule. À la mort de cette dernière, Salomé apprend qu’elle a hérité des mêmes dons.
Le premier plan d’Alma Viva est un œil sans visage, un cadre de chair qui va se révéler être celui de la gamine observant sa grand-mère en pleine incantation à travers un vitrage dépoli. Toute la vie du hameau auquel l’on va assister se fera par le regard d’une enfant, de sa perception d’un monde qu’elle cherche à déchiffrer.
Si les premières scènes présentent un récit naturaliste, proche du documentaire, la cinéaste nous plonge progressivement dans un bain d’images aussi oniriques que cauchemardesques. Aux côtés de la jeune fille, on découvre le rapport compliqué des villageois à la biodiversité, massacrant les poissons à coup d’explosif, se soignant grâce aux plantes tout faisant des poules les victimes de superstitions. Cet univers bestial et ésotérique repose sur la puissance matriarcale des deux dames âgées. L’une aussi petite que l’autre, parente de Salomé, est sculpturale et opulente. Entre les deux, se glisse le corps enfantin de notre héroïne. La forte impression que provoque le corps de l’ainée sur la gamine n’empêche nullement les deux d’exprimer une certaine complicité soulignée au cours d’un surprenant twerk intergénérationnel. Plus tard, alors que le cadavre de la vieille dame repose dans une chambre, Salomé sera prise d’une vision. Devant un miroir apparait le visage de sa grand-mère en lieu et place du sien. Cette façon d’imposer le morbide à hauteur d’enfant rappelle énormément Cria Cuervos (Carlos Saura), tout comme le regard de la petite fait penser à celui d’Ana Torrent.
Alma Viva est truffé de plans saisissants comme celui-ci, ou de séquences tout aussi burlesques qu’inattendues. Cristèle Alves Meira a transposé au cinéma son sens de la mise en scène appris sur les planches. Ainsi, la maîtrise du cadre dont elle fait preuve lors de l’oraison funèbre se déroulant au milieu d’un village en proie à un incendie estival, impressionne. Le cortège familial reste impassible face aux flammes qui menacent et aux jets de pierre que lui inflige l’antique chamane encore vivante.
Ce qui rend l’objet si particulier, c’est la volonté affichée de la metteuse en scène de puiser dans le folklore portugais des éléments ancestraux pour les relier à un renouveau du féminisme. Celui popularisé par l’essayiste Mona Chollet, qui fait des sorcières des figures politiques. Car si les corps des deux vieilles femmes est marqué par le temps, elles n’en sont pas moins sexualisées et loin d’avoir cessé d’exprimer leur désir. C’est d’ailleurs une histoire d’adultère qui est à la base de leur affrontement à mort. La sorcellerie est celle de ces corps libres, quel que soit l’âge, plus qu’un prétexte pour plonger Alma Viva dans le fantastique. Et si Alma Viva propose quelques sortilèges, c’est pour mieux les associer à la confection d’un film lui-même et à l’acte de création. L’ambition de la réalisatrice est de consacrer son œuvre à la façon d’un ultime tour de magie qu’elle a pris le temps de penser, de préparer de longues années. S’il s’agit d’une première production, c’est aussi le fruit qui résulte d’une gestation, celui du scénario comme de sa propre fille. Écrit lorsque Cristèle Alves Meira était enceinte, Alma Viva est l’occasion pour la cinéaste d’offrir à sa descendance un rôle en or, celui de Salomé. Ce personnage au prénom fortement symbolique est également un véhicule pour transposer sur pellicule l’itinéraire fictionnalisé de la jeunesse portugaise vécu par la réalisatrice. Trois générations de femmes embarquées dans un même corps face à la mémoire et aux temps qui évoluent. Une vision tortueuse et organique du cinéma que l’on souhaite voir se poursuivre à travers la longue carrière, espérons-le, de Cristèle Alves Meira.

Fiche technique

Dossier de presse

​Alma Viva

Portugal, France2022

Réalisation : Cristèle Alves Meira

Scénario : Cristèle Alves Meira, Laurent Lunetta

Image : Rui Poças

Interprétation : Lua Michel (Salomé), Ana Padrao (Fatima), Jacqueline Corado (Aida)...

Distributeur : Tandem

Date de sortie : 12 avril 2023

Durée : 1h28

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La réalisatrice

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Cristèle Alves Meira

1983, Montreuil

Biographie

Comédienne de formation, Cristèle Alves Meira est d’abord metteuse en scène de théâtre. Elle a mis en scène Les Nègres, Splendid’s de Genet, Vénus de Suzan-Lori Parks au théâtre de l’Athénée-Louis Jouvet. Elle réalise un premier documentaire au Cap-Vert, Som & Morabeza (2007), où elle se pose la question de l’immigration dans les milieux lusophones en Afrique à travers le thème de la musique ; puis, sous le prisme de la jeunesse angolaise pour traiter de ses réalités sociales avec Born in Luanda (2010).
Elle réalise ensuite deux courts métrages de fiction, un film d’été et un film d’hiver, dans le village de sa mère à Tras-os-Montes : Sol branco (Soleil blanc, 2014)) sélectionné aux Premiers plans d’Angers, Entrevues de Belfort, Côté Court de Pantin… puis Campo De Víboras (2016), sélectionné, entre autres, à la Semaine de la Critique, à l’IndieLisboa (Prix Jeune Talent) et à Clermont-Ferrand. Son court métrage, Invisível Herói (Invisible héros, 2019) a été présenté à la Semaine de la Critique en 2019 en Séance spéciale, à l’IndieLisboa en mai 2019 (Prix du jury oecuménique) ainsi qu’à Clermont-Ferrand (Prix du Meilleur Film Européen). Cristèle Alves Meira réalise finalement Tchau-Tchau en 2020, son dernier court-métrage, sélectionné au FIFIB à Bordeaux (prix du meilleur court-métrage), à Clermont-Ferrand et à Côté Court Pantin.

Filmographie
  • 2022 : Alma viva

  • 2016 : Campo de Víboras

  • 2010 : Born in Luanda (documentaire)

  • 2007 : Som & Morabeza

Courts-métrages
  • 2020 : Tchau-Tchau

  • 2019 : Invisível herói

  • 2014 : Sol branco

Les interviews

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A écouter

Amine Bouhafa signe la musique du film de Cristèle Alves Meira sur une jeune fille hantée par l’esprit de sa grand-mère disparue, au creux des montagnes portugaises. La partition éthérée (cordes, flûte, glass harmonica) représente la part invisible du film liée à la sorcellerie. Pour le contexte géographique, le Alma Viva Band réunit des musiciens locaux, incluant quelques chansons interprétées à l'image.

Vos impressions sur le film

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