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Nostalgia                                                              Jeudi 9 Février 20h30
                                                                         

Synopsis et détails

Après 40 ans d'absence, Felice retourne dans sa ville natale : Naples. Il redécouvre les lieux, les codes de la ville et un passé qui le ronge.

Bande Annonce

Critiques

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La nostalgie a ses raisons. Elle convoque la plupart du temps la mémoire, ou du moins une conception du passé qui a pu s’étoffer avec un éloignement géographique ou affectif. Le nouveau film de Mario Martone n’aurait pu porter un meilleur titre que celui-ci, à la différence que le fantasme est incarné par une ville entière, Naples, plutôt que par le personnage principal, Felice, Lasco, revenu à ses origines après quarante ans à l’étranger. Il va d’abord rendre visite à sa mère, qui a déménage de quelques étages, et la semaine qu’il devait passer dans le chef-lieu de la Campanie se transforme en semaines, puis en mois, loin de la famille qu’il a formée dans sa nouvelle vie au Caire. Ce qui le fait rester, ce n’est pas seulement la culpabilité d’avoir été loin de ses racines aussi longtemps ou la proximité avec sa mère malade (Aurora Quattrocchi), mais – on le découvre en même temps que lui – la possibilité d’une réécriture de son passé, en recollant les morceaux d’un départ naguère précipité. Son ami d’enfance Oreste Spasiano, avec qui il a coupé le ponts, est devenu un chef violent de la Camorra (Tommaso Ragno), redouté de tous, à part du Père Luigi Rega (Francesco Di Leva), aidant les jeunes Napolitains à trouver un chemin déconnecté de la criminalité. Malgré des menaces qui pèsent sur lui, Felice sent que sa place est à Naples, et qu’il doit régler des choses avec son passé.

Le film, présenté en compétition au Festival de Cannes en 2022, dessine le portrait de Felice à travers une déambulation dans cette ville-ogresse. Le personnage s’accroche à ses souvenirs pour reconstituer ses repères et reconstruire son identité. Ce qu’il cherche a-t-il vraiment existé ? Les images qui lui traversent l’esprit ne sont-elles pas le fruit de son imagination ? Il reprend le cours de son existence à Naples là où il l’avait laissé quarante ans plus tôt. Un fossé se creuse entre la peur que les autres ressentent dans les rues dominées par la mafia, et l’insouciance juvénile de ce quinquagénaire qui continue à explorer la ville avec ses yeux d’adolescent désormais expatrié. Pierfrancesco Favino change de camp, après Le Traître de Marco Bellocchio (où il jouait un membre de Casa Nostra) : son Felice est un citoyen comme un autre, un étranger dans sa ville natale. L’acteur a la posture du découvreur, du chercheur même, tout en sentant que sa place est là, et qu’elle l’aurait dû l’être depuis longtemps déjà. Ses mouvements trahissent son inconfort, son regard souligne la double vision présente et passée. Encore une prestation habitée pour l’acteur romain ! Felice se réapproprie l’art de vivre de son pays, dans une ville marqué le métissage des cultures. Son accent et ses pas de danse montrent qu’il n’est plus un local, mais les personnes qui l’accueillent lui donnent sa chance. C’est là que la dimension politique de Nostalgia se dévoile. Mario Martone fait le bilan de la gestion de l’Italie d’aujourd’hui au regard de son legs patrimonial exceptionnel (avec l’évocation des Catacombes San Gennaro et de la ville de Naples comme juxtaposition d’inspirations architecturales), à travers les yeux de Felice, celui qui est parti et qui tente de comprendre, en comparaison à ceux qui sont restés et ont écrit leur propre mythe napolitain.

Martone ne fait ni un film de mafia ni un memory loss movie. Il place au contraire le curseur sur son personnage, comme un miroir des mutations de la ville. Naples est filmée dans ses matières, dans la couleur de ses murs, dans sa chaleur de vivre, dans sa débrouille et dans son entraide. Felice se rend compte que c’est en répliquant ses anciennes pratiques qu’il va pouvoir s’en délester et devenir un nouvel homme. La ville a pourtant toujours un cran d’avance sur lui, que ce soit par les indices laissés par Oreste ou par le grouillement de cette créature sonore et visuelle que constitue Naples, telle que dépeinte par le réalisateur. Le cinéma de Martone utilise un crépusculaire classicisme tragique pour délivrer un contenu philosophique et optimiste sur la nature humaine. Il illustre l’aspiration d’un homme (dans les deux sens du terme, par la ville et pour lui-même) auprès des gens qui l’entourent. Thérapeutique, initiatique et mystérieux, Nostalgia cueille et questionne, sans jamais prétendre aux réponses toutes faites.

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Les professeurs de lettres répètent souvent qu’à la lecture d’un devoir, il est possible dès l’introduction de comprendre si le travail sera honorable. Nostalgia est la preuve qu’il ne faut pas appliquer ces principes préétablis par le corps enseignant au domaine artistique – ni même peut-être à une production écrite. Le film puise sa force dans sa maladresse et nous séduit par son enivrant second souffle. Une œuvre qui resplendit lorsqu’on la considère dans son intégralité.

Voyage, ville, hôtel, valise, montre, coffre-fort. Les premiers plans du long-métrage révèlent un personnage fortuné (Pierfrancesco Favino) au cœur d’un ailleurs menaçant. L’absence de voix-off dès l’introduction nous le confirme, Mario Martone utilise les images pour conter. Nous n’avons pas d’indication sur la destination de l’avion emprunté par Felice, notre personnage principal, quand la langue pour communiquer à bord est l’arabe. Alors que nous accompagnons la déambulation nostalgique du protagoniste dans une ville aux allures pourtant étrangères, nous peinons dans un premier temps à comprendre s’il se trouve en Afrique ou en Europe. Outre le Vésuve en toile de fond, le long-métrage, profondément représentatif des mœurs napolitaines, confirme son ancrage en Italie.

Felice retourne à Naples, après 40 ans passés au Caire. Si la ville italienne l’a vu grandir, notre personnage a besoin de temps pour s’adapter à nouveau à cet environnement qui lui est désormais étranger. Dans cette histoire nous rappelant ll ragazzo della via Gluck, l’une des chansons phares d’Adriano Celentano, les questionnements propres à toute personne ayant dû s’éloigner de chez elles sont remarquablement réunis. « Mais c’est ici mon pays » affirme tout de même Felice en arabe.

Dans l’évocation de destins croisés, c’est toute l’histoire et la culture de la ville qui sont convoquées : le partage, la bienveillance, l’importance de la religion mais également les relations de pouvoir, les clans, l’insécurité, la violence. Sur fond d’injustice et de culpabilité, entre ceux qui peuvent partir et ceux qui restent, Nostalgia nous impressionne par sa capacité à aborder tant de sujets de manière si juste. 

Du sentiment d’engloutissement que peuvent parfois provoquer des retrouvailles à la sensation de profonde appartenance à une communauté, Nostalgia est un film sur le processus de réadaptation à sa propre histoire et à sa propre société. Ainsi, si certains aspects ou dialogues à la dimension didactiques semblent alourdir le récit dans une première partie, ces faiblesses s’avèrent en réalité faire la force de l’œuvre. Comme des rimes embrassantes, les images résonnent entre elles. Ces éléments participent du cheminement d’adaptation de notre protagoniste et sont nécessaires à un portrait réaliste. 

Spectateurs, n’appliquez pas les concepts imaginés par vos professeurs, l’intérêt d’une œuvre pouvant parfois reposer non pas sur son efficacité, mais dans sa capacité à déjouer nos attentes. Peut-être faut-il encore laisser de la place à la surprise ?

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La ville de Naples est une récurrence dans le cinéma de Mario Martone, natif de cette grande cité de Campanie, théâtre de la plupart de ses fictions, dès ses deux premiers long-métrages, Mort d’un mathématicien napolitain (1992) et de L’amour meurtri, présenté en compétition officielle au festival de Cannes en 1995. Trente ans après ses débuts comme metteur en scène, c’est tout logiquement qu’il retourne une nouvelle fois chez lui pour Nostalgia, qui est un cri d’amour supplémentaire à ce berceau de l’enfance. Pour boucler ce projet c’est au grand acteur Pierfranceso Favino qu’est dévolu le rôle de Felice, de retour dans sa ville après un exil de près de quarante années. C’est un homme d’âge mur, bien vêtu et avec des manières impeccables, qu’on voit débarquer d’Egypte, patrie d’adoption de celui qui a perdu jusqu’à son accent, ne pratiquant plus l’italien depuis des décennies.

Les premiers moments du film sont très réussis ; la couleur de Naples, de ses rues populaires, saute aux yeux et se découvre à travers le regard de Felice qui, comme nous, prend contact avec cette vision oubliée. La douceur de ses mouvements et la naïveté de ses démarches sont la première surprise du film. Ce n’est pas un retour teinté de vengeance qui nous est proposé mais bien une redécouverte d’un passé enfoui jusqu’à la négation et l’oubli. Cette première demi-heure permet à ce quinquagénaire de revoir sa mère, désormais très âgée et malade, et lui dire adieu, dans des derniers moments ensemble intimes et touchants. Quand retombe l’intensité de l’oraison funèbre, Felice est toujours là, sans qu’on comprenne dès lors pour quelles raisons, provoquant un délitement ininterrompu à la fois de l’intérêt du film mais aussi de la qualité de son écriture.

Après avoir exploré l’amour filial, Martone décide de se pencher sur la grande amitié d’adolescence de son personnage, et de révéler les raisons de son départ précipité vers le Liban, puis l’Afrique, pour ne jamais revenir visiter sa famille. L’emmêlement de ces explications avec la rencontre du prêtre de la paroisse de sa mère livrent des scènes pour le moins étranges, la familiarité entre les deux hommes étant au mieux cocasse, au pire tout bonnement ridicule. Ce voyage qui était jusqu’alors doux et nostalgique devient une source de violence qu’on a peine à comprendre tant elle apparaît de façon impromptue et peu crédible. L’entêtement de Felice à vouloir s’installer à Naples ne semble être là que pour justifier un emballement du scénario et son basculement vers le film noir et une logique de vendetta mafieuse assez convenue et stéréotypée.

 

Pire encore, ce sont les dialogues qui s’avèrent de piètres qualité, la grande réunion entre les amis d’enfance accouche d’un échange froid et plat où ne jaillit aucune émotion, ajoutant de la lassitude à une intrigue déjà bien enlisée dans l’allongement de la durée du film qui aurait gagné à être plus resserré. La fatalité du dénouement, telle une sentence fatidique et prévisible, est très décevante, précipitant les deux personnages dans des archétypes tristes et sans relief. Si Favino tire son épingle du jeu grâce à son immense charisme, on ne peut s’empêcher de remarquer qu’il finit lui même par se perdre dans le caractère mou et dénué d’énergie de Felice qui subit plus qu’il n’agit, se précipitant sous l’échafaud avec le sourire.

En fin de compte, la ville de Naples est magnifiée dans Nostalgia, tant du point de vue de la photographie que de certains plans de caméras, notamment ceux suivant la moto de Felice dans les rues de la cité, créant une aspiration et un dynamisme grandiose. Il est regrettable que le même travail ne fut pas effectué pour ce qui est de l’écriture, essentiellement concernant la relation entre Felice et Oreste, qui aurait pu être passionnante et vibrante de maestria et d’émotion. À la place, c’est une fiction stéréotypée et fade que nous administre Mario Martone, avec un dénouement en roue libre de bien petite facture.

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La force de ce film réside dans l’intelligence de sa mise en scène, qui sait à la fois matérialiser et suggérer. Nostalgia fait la part belle à l’inconscient de son personnage et aux fantômes qui le hantent. Les cadres riches et savamment composés de Mario Martone ménagent toujours des ouvertures situées à l’arrière-plan (rues, portes, fenêtres, escaliers), qui placent Felice dans une intrigante perspective et rendent palpable l’état d’âme nostalgique qui est le sien. Le montage, signé Jacopo Quadri, justement cadencé, fait éprouver sa pulsation cardiaque et sa ferme détermination à en découdre avec la part irrésolue de son passé. Quant à l’interprétation de son comédien, Pierfrancesco Favino, elle confère à ce bel ensemble une vraie densité par la force de ses regards et le grain de sa voix. Nostalgia navigue ainsi entre un temps présent investi et une dimension plus vaste, métaphysique, que suggère aussi l’alternance des formats (cinémascope pour l’aujourd’hui, carré pour l’autrefois). « La connaissance est dans la nostalgie. Qui ne s’est pas perdu ne se connaît pas », dit la citation de Pier Paolo Pasolini placée en exergue du film. Il y a quelque chose de passionnant et d’enivrant à se perdre dans les rues de Naples avec Felice, et, par extension, à habiter son paysage intérieur sous le regard ample et perspicace de Mario Martone.

Anne-Claire Cieutat

 

Nostalgia contient tous les clichés du grand film italien : Naples, la mafia, l’église catholique, et le deuil de la mama. Pourtant, Mario Martone nous emmène ailleurs, à travers le récit d’un héros mystérieux qui retrouve peu à peu les traces de son enfance, les habitudes enfouies, la ville qu’il croyait avoir oubliée. Le rôle principal est tenu par le toujours brillant Pierfranceso Favino (vu, notamment, dans Le Traître de Marco Bellocchio), qui porte le film en interprétant avec une grande finesse ce personnage aux émotions secrètes, intérieurement tourmenté et qui laisse peu transparaître. Dommage que la mise en scène parfois peu audacieuse ne soit pas toujours à la hauteur d’un scénario brillant et subtil. Mais ce retour à Ithaque sauce napolitaine touche du doigt un sentiment que trop de films confondent avec la mélancolie : le souvenir d’un passé lointain, déjà mort, et pourtant si vif, qu’on pourrait croire capable de revenir sous nos yeux : la nostalgie.

Pierre Charpilloz

 

Un avion, un homme dit quelques mots en arabe, puis le même homme parle italien dans une ville italienne, immédiatement reconnaissable : Naples. Il se promène de rue en rue. À la recherche de quelque chose ou de quelqu’un, il hume la ville comme un parfum familier, puis rend visite à sa mère. En quelques plans, sublimes, Mario Martone (Mort d’un mathématicien napolitain, 1992) installe son histoire, celle de Felice Lasco, de retour dans sa ville natale après quarante ans d’exil dans un pays lointain, où il s’est marié et converti à l’islam. Las, passé les vingt premières minutes, le film s’enlise dans les raisons de cet exil à coup de conversations explicatives avec d’anciennes connaissances et un prêtre très investi dans la réinsertion de la jeunesse perdue d’aujourd’hui. Pour narrer la jeunesse perdue d’hier, et le passé trouble de Felice, des flash-back en format carré rétrécissant soudain l’écran viennent illustrer platement ce que les premières scènes évoquaient comme par magie. Même ce grand acteur qu’est Pierfrancesco Favino (Une mère, 2014 ; Le Traître, 2019) en perd son latin et son immense talent. Pourquoi tant de lourdeur, alors que le réalisateur manie volontiers l’ellipse (la mort de la mère notamment est ici étrangement éludée) ? La nostalgie n’est plus ce qu’elle était…

Isabelle Danel

Mario Martone est napolitain avant tout, et son film se passe intégralement à Naples, en grande partie dans un de ses quartiers, La Sanita, quartier populaire mythique fait de ruelles en pentes, d’immeubles décatis creusés à même la roche, et arpenté encore aujourd’hui par les sbires de la mafia locale.

Mais au pittoresque de la Sanita, on n’accède pas d’abord. Au seuil de Nostalgia, on rencontre un homme d’une cinquantaine d’années. Il évolue dans un espace qui pourrait se situer dans toutes les grandes villes du monde, à savoir la chambre au décor froid d’un grand hôtel vitré. Sa mine est grave, il dépose une montre qu’on devine précieuse dans un coffre-fort, puis descend en ville, commande une pizza dans un italien approximatif. Tous les codes de film noir sont là, d’autant que cet homme est interprété par Pierfrancesco Favino, qui a joué beaucoup beaucoup de gangsters et de mafieux pour le cinéma italien. Le film noir c’est une des pistes, un des genres que côtoient le film, parmi des tas d’autres références et ambitions, peut-être trop. Il fonctionne par endroits, peut-être pas ceux qu’il investit le plus, et échoue à d’autres.

Notre héros, c’est Felice, (surnom Feli). Il arrive du Caire où il vit depuis des dizaines d’années, à Naples où il est né et où il a grandi, et qu’il n’avait pas revue. Il vient voir sa mère Teresa, devenue très vieille et qui vit seule dans un appartement misérable. Alors qu’il décide de s’occuper d’elle et de lui chercher un nouvel appartement, il renoue avec son quartier, rencontre d’anciennes connaissances plus ou moins oubliées, et aussi un jeune prêtre très engagé pour sa paroisse, qui entreprend de l’impliquer dans la vie du quartier, et aussi de lui faire révéler un secret, celui qui a retenu Felice si loin de sa ville natale pendant si longtemps.

Naples au coeur

L’ambition documentaire de Mario Martone est manifeste : Felice à bien des égards fonctionne comme un biais pour mettre en scène La Sanita, ses rues bondées, ses commerçants, les vieux au balcon, les jeunes sur les bancs publics, un parler populaire qui ne ressemble en rien à l’italien connu, et puis ce fonctionnement mafieux qui perdure, et qui, à la nuit tombée, oblige les braves gens à fermer les volets avant que des hordes de jeunes garçons armés ne fassent pétarader les moteurs de leurs scooters sous leurs fenêtres. C’est là à mon avis que le film pèche un peu, par son ambition descriptive et explicative un brin simpliste, qui a du mal à arracher les images de Naples à un pittoresque tellement documenté par ailleurs, et qui a traîné partout. On y oublie l’intrigue, et le personnage de Felice redécouvrant sa ville, réduit alors à une espèce de regard semi-étranger, perd sa chair pour devenir pur outil, sans chair, sans passé, et sans cette fameuse nostalgie qui fait la matière et le titre du film.

Je préfère nettement le fil noir, celui qui relie le personnage principal, vraiment très finement interprété par ailleurs, à son passé et au secret qu’il a enfoui, mais aussi à d’autres personnages dont le plus troublant n’est pas nécessairement celui qu’on attendrait - ce fameux Oreste, ancien ami du héros, mais cette figure de prêtre très ambivalente, à la fois bienfaiteur et très inquiétant interprété par Francesco di Leva. Ce n’est pas dans l’approche documentaire que le film touche à la singularité du quartier de la Sanita, mais dans une construction romanesque soignée, et dans l’élaboration de personnages compliqués. C’est dans les creux, les silences, les souterrains, la nuit, que le film est le plus intéressant, dans le mystère et pas dans la reconnaissance. De ce point de vue, ce titre “Nostalgia”, qui est explicité par une citation de Pasolini en exergue, est presqu’un contre-sens. Aucun sentiment de familiarité revenue, de regret ou de désir, aucune nostalgie n’émerge vraiment de ce personnage principal qui cherche sans cesse les mots de sa langue maternelle et les lieux de son enfance, mais une espèce d’abysse noire, dont l’angoisse est sans cesse ce qu’il y a dans le film de plus saisissant. Transcription de la chronique radio de Lucile Commeaux

Fiche technique

Nostalgia

 

Réalisation : Mario Martone

 

Italie2022

Scénario : Mario Martone

Image : Paolo Carnera

Interprétation : Pierfrancesco Favino (Felice Lasco), Tommaso Ragno (Oreste Spasiano)...

Distributeur : ARP Distribution

Date de sortie : 4 janvier 2023

Durée : 1h57

Le réalisateur

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Mario Martone

Réalisateur (Italie)
Mario Martone, metteur en scène de théâtre et de cinéma, est né à Naples en 1959. Il commence à travailler dès 1977, dans le théâtre d'avant-garde typique de l' époque et crée la troupe Faux Mouvement avec laquelle il réalise des spectacles qui combinent les références du théâtre, du cinéma et des arts visuels comme Tango Glacial, Le Désir pris par la queue inspiré de Picasso, Retour à Alphaville de Godard. Dix ans après, il fonde les théâtres Unis, une compagnie ouverte à la rencontre entre artistes de diverses disciplines avec laquelle il ne se contente pas de monter des pièces mais il peut aussi réaliser ses films. Son premier long métrage Mort d'un mathématicien napolitain est Grand Prix du jury à Venise en 92. L'Amour meurtri (95) et Theatro di guerra (98) sont présentés à Cannes. A réalisé de nombreux courts métrages et documentaires et a filmé des pièces de théâtre dont le fameux manifeste des Théâtres Unis Rasoi. Depuis Janvier 99, il dirige le théâtre de Rome pour lequel il vient de mettre en scène ¿dipe Roi de Sophocle et où il a initié une action de changement radical de la programmation multipliant les lieux et les spectacles et s'ouvrant au nouveau théâtre.Avec Angelo Curti, il crée la trou­pe théâtrale Falso Movimento qui s'impose sur les scènes comme un important groupe d'avant-garde. En 1984, il réalise Nella città barocca, court métrage dédié à Naples, puis Morte di un matematico napoletano (1992, Mort d'un mathématicien napolitain), son premier long-métrage reçoit le Grand prix du Jury de la Mostra de Venise. Suivront : L'amore molesto (1995, L'amour meurtri), La salita, un segment du film collectif I vesuviani (1997), Teatro di guerra (1998, Théâtre de guerre). Il alterne cinéma, théâtre et opéra avec le même goût de la mise en scène soignée. En 2018 Capri-Revolution, son 8e film, clôt sa trilogie sur le 20e siècle (Noi credevamo, 2010 (Frères d'Italie) ; Leopardi - Il giovane favoloso, 2014). En 2019 il nous livre une adaptation contemporaine remarquable de l’œuvre du dramaturge napolitain Eduardo De Filippo, Il sindaco del Rione Sanità. En 2021 Qui rido io retrace la vie d’Eduardo Scarpetta dans une fresque fastueuse de Naples et son théâtre au début du 20e siècle. En 2022, Nostalgia, en Compétition à Cannes, met à nouveau en scène ce quartier pauvre de Naples, La Sanità.

Les interviews

Le film, vu par son comédien

Pierfrancesco Favino

Vos impressions sur le film

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